• le Tram ou Tacot à Quitteur

    Plusieurs personnes,dont celles de la diaspora, ont regretté  de ne plus avoir d'informations, de nouvelles de Quitteur où ils ont vécu eux ou leurs parents ou encore y ont des amis et ont aimé ce village . Parfois ils envoient des documents dont récemment  une carte postale du tram sur le pont de Quitteur reprise dans le livre qui traite de la ligne Gray- Jussey. Quitteur était une halte de cette ligne. Il nous a paru intéressant de faire un rappel de l'époque du ferroviaire à Quitteur. Les articles sauf exception ne traiteront plus l’actualité mais plus des évocations ou des faits marquants.

    En étant pompeux on dirait aujourd'hui que Quitteur fut  un nœud multimodal : chemin de fer, port au lieu-dit le petit port ou s’arrêtaient les bateaux et évidemment la route de Gray à Lure formaient ce carrefour des transports. Seule reste la route, aujourd'hui les péniches ont été remplacées par des bateaux de plaisance.

     

     

    la rame arrive sur la commune de  Quitteur

     

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    L'édition de Haute Saône et de Franche-Comté publie de remarquables ouvrages sur les chemins de fer vicinaux appelés tramway,trams ou encore tacots.

    Gérard Delaitre et Pascal Magnin ont regroupé de nombreux documents sur la ligne Gray - Jussey. On y trouve une page consacrée au tacot à Quitteur.

    Aujourd'hui, il reste sur la commune, 2 témoignages de ce formidable développement  que fut, au début de la deuxième décennie du vingtième siècle, la construction de ces chemins de fer départementaux.

    Le rayonnement de ce nouveau moyen de locomotion fut l'égal de celui du TGV . Une halte encore existante aujourd'hui servait d'abri aux voyageurs qui allaient à Gray puis, par des connexions avec les chenins de fer nationaux, partaient partout en France. Cette ligne permit des échanges directs avec la sous-préfecture grayloise ou la région de Jussey. Souvent utilisée après guerre par les veuves qui allaient vendre leurs produits à Gray, elle modifia le paysage. A son aise, elle empruntait les ponts ou les rues dans les villes où elle côtoyait les voitures à cheval, les chars à bœufs et même les voitures automobiles et évidemment les piétons.

    C'est avec ce moyen de locomotion que partirent nos aïeux sur les champs de bataille de la première guerre mondiale.  Un millions quatre cents mille ne rentrèrent pas. Pour beaucoup, leur nom figurait dans les registres des conseils municipaux des communes. Aujourd'hui, leurs noms sont gravés sur les monuments. En cliquant sur la page vous distinguerez une image du Château de Quitteur avec à droite le nom de son propriétaire.

    Il reste, à Quitteur, aussi un important témoignage de l'époque du tacot: c'est la gare de retournement construite, au lieu dit la Barque ou la Maison du port. Après la deuxième guerre, le pont de Quitteur sur la Saône ayant sauté lors de la retraite allemande la locomotive devait être retournée pour repartir à Gray et les passagers qui voulaient aller à Jussey prenaient un bac manœuvré par M. Gony. Il reste quelques ruines d'un wagon sur pilotis qui servait d'abri pour le passeur puis ensuite de cabane de pêche quand le tram fut abandonné.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les rames étaient tractées par des motrices à vapeur, celle qui passe sur le pont était le modèle Pinguely 30. La ligne Gray-ville - Jussey Est déclarée d'utilité publique le 7 juillet 1900, fut ouverte le 3 Aout 1903. Elle fut arrêtée peu après la guerre et les motrices vendues. Certains trains, sur voie métrique, circulaient encore il y a une dizaine d'années en Roumanie où se trouvait un très gros dépôt de motrices abandonnées à Turda.

    Après l'affichage du jugement d'expropriation où l'on trouve le nom des habitants concernés par le tracé étaient affichées des offres d'achat ou d'indemnisation. Les plans de détail étaient dressés et les travaux pouvaient commencer. Une grande partie des emprises a été redonnée aux propriétaires des parcelles traversées. Ça et là, on voit encore des élévations de terrain qui témoignent du passé des chemins de fer vicinaux. On distingue à la sortie de Quitteur, côté Pierrejux, la levée de terre de la ligne à écartement métrique du tram en direction de Pierrejux  où des entrepôts importants  alimentaient et l'usine de la Forge en fèves et en charbon de terre qui se substitua au charbon de bois. pour la construction de nombreuses parcelles furent coupées, on voit ci-dessous un plan de détails. certains se souviennent de la vigne sur la parcelle de gauche et du jardin à l'entrée où de magnifiques fraises tentaient la gourmandise des gamins et où sur l'autre parcelle, un verger de pommes à cidre, de cerisiers et un poirier à 4 variétés tentait tous les passants qui ne se privaient pas de se servir d'un fruit ou deux. Ces petits gestes n'inquiétaient pas la propriétaire qui venait avec sa charrette faucher l'herbe pour ses lapins. Ce lieu qui s'appelait " au verger du rucher". Certains se souviennent encore de ce temps révolu. Entouré aujourd'hui d'un haut mur ce terrain est construit.

    Les réquisitions de l'emprise de la voie sur Quitteur avaient été faites par voie d'affiche. Les terrains de ces emprises furent ensuite vendus à l’exception d'un tronçon devenu voie communale qui fut nommé chemin du Tram et pour cause de doublon sur le clos de Beaujeu renommé rue Es Buot.

     

     

     

     

     

     

    A Quitteur, un trou subsista longtemps à coté de la halte. Y était logé un pont bascule pour peser les pommes de terre qui souvent partaient en direction des Vosges pour la fabrication de la fécule nécessaire aux tissages. Les wagons de transport étaient immobilisés sur une voie parallèle pour y être chargés ou déchargés de leur contenu . Démontée,  la deuxième voie  laissa place à une friche d'orties où les jeunes filles de la décennie 50 emmenaient paitre les chèvres.

    Voici une évocation de la petite histoire au moment du passage de l'époque rurale vers l'époque industrielle en attendant le temps du 4.0 le tout numérique de demain .

     

    Ainsi va le temps, petit à petit, le passé s'éteint et l'on n'entend plus dans les rues de Quitteur plusieurs  fois par jour retentir cette expression : "v'là le tram !" en réponse à ses coups de sifflet les gamins couraient alors pour le voir arriver et repartir accompagné de son panache.